dispute [libre]

14:30 : fin des cours

Sac sur l'épaule la jeune femme quitta l'université, à pied bien sûr, depuis que son père avait décidé de prendre la seule qu'ils avaient jamais eu pour partir. La plupart des étudiants s'orientait vers le parking, où de nombreux véhicules attendaient leurs pauvres corps endoloris. Mais Ambre s'en foutait pas mal, s'il n'y avait eu que ça! Elle prit le chemin du retour en longeant le parc municipal, profitant de la vue verdoyante qu'il offrait pour se détendre un peu. La journée n'avait pas particulièrement été difficile, la jeune femme avait juste failli s'endormir pendant un cours et s'était fait réprimender trois fois pour son inattention. Les cours s'étaient enchainés sans qu'Ambre les perçoive réellement, elle était ailleurs depuis bien longtemps déjà. Le parc fut bientôt derrière elle et les belles demeures de Bunbury lui succédèrent bientôt. Elle y jeta un rapide coup d'oeil, des maisons proprettes et même coquettes dont les films s'inspiraient souvent, un foyer qu'elle ne verrait sans doute jamais, mais après tout, elle s'en fichait aussi.
Elle entra enfin dans Stark boulevard et se sentit étonnement plus à l'aise, le quartier était pourtant réputé assez chaud et peu recommandable, mais ici elle se sentait chez soi. Vêtue de son habituel jean délavé et de ses baskets de toutes les marches, la jeune femme laissa son regard trainer le long des trottoirs, se fixant inconscienment sur les numéros, 38, 40, 42, 44, 46, elle s'arrêta et bifurqua vers la petite bâtisse. La porte grinça légèrement à son entrée et une voix rauque se fit entendre du salon. Elle baragouina des mots incompréhensibles que la jeune femme ne chercha même pas à comprendre, entre sa mère et elle, les discours étaient absents depuis bien longtemps. Elle posa son sac au bas de l'escalier avant de passer le seuil de la cuisine, prit une pomme dans la corbeille et croqua dedant, son goût acide lui tira un rictus amer et elle entra dans le salon. Une femme d'une cinquantaine d'années était assise dans un fauteuil, son regard vide se posa sur sa fille:

- Ton père n'est pas encore arrivé?

Ambre ferma les yeux, chaque soir le même scénario recommençait, mais aujourd'hui, elle n'était pas d'humeur et avança à vive allure vers sa mère.

- Il ne reviendra pas et tu le sais, il est parti, parti tu comprends, il nous a abandonné!

Ses mots lui firent mal mais elle darda d'un oeil rageur la femme en face d'elle, la réaction de celle-ci ne se fit d'ailleurs pas attendre:

- Tais-toi!

Son regard sembla plus lucide et elle continua:

- Toi aussi tu partiras, tu es comme lui, tu lui ressembles trop!

Son ton dédaigneux fit exploser la jeune femme:

- Je ne suis pas lui! Tu deviens folle!

Elle n'attendit même pas la réponse de sa mère et sortit de la pièce, attrapant son sac au passage elle monta l'escalier.

18:00

Ambre redescendit les marches, elle avait troqué sa veste contre un tee-shirt à l'aise. Elle claqua la porte d'entrée derrière elle et sortit à l 'extérieur, la jeune femme s'assit sur le perron, les yeux fermés.