Vadrouille

Tranquillement installée sur l’une des nombreuses mesas qui embellissaient à leur façon les sobres lieux, une jeune demoiselle, jambes pendantes et musique dans les oreilles, mordu goulument dans le sandwich qu’elle tenait entre les mains. Jambon-fromage : son favori. Sur ses genoux, un tas de feuilles. Si elle avait quitté son pays natal afin de se rendre ici, en Australie, ce n’était certes pas pour étudier les icebergs. Aussi s’efforçait-elle de se concentrer, bercée par les couleurs de son sujet de recherche. C’était, selon elle, un excellent moyen de favoriser la compréhension, et, par surcroît, de motiver la mémoire.

Alors qu’elle mastiquait tant bien que mal son dernier morceau, elle sorti allègrement une bouteille d’eau de son sac, histoire de se désaltérer. Sac, qui, soit dit en passant, ne semblait pas fort approprié à l’usage. Comme le reste de ce que portait la fille d’ailleurs : en effet, il n’était déjà pas fort courant de voir des êtres humains dans le désert, mais en plus vêtus et accessoirisés de marques …

Son jeune frère, s’il avait été là, n’aurait d’ailleurs pas hésité à rire sous cape : espérait-elle draguer les kangourous, avec une jupe si courte et un décolleté si plongeant ? Remarque vaine, bien entendu, mais sans doute fondée.

Brenda ne tarda à remballer ses affaires : il lui restait l’une ou l’autre caillasse à analyser et déjà la fatigue la gagnait. Armée d’une paire de lunettes de soleil, d’un bic dans une main et d’un bloc de feuilles vierges dans l’autre, elle reprit son ascension, sans oublier de laisser échapper un soupire. Elle se sentait … seule. Les ballades en solitaire, ça n’avait jamais été son fort. Et c’est quand elle s’agenouilla aux pieds d’un cactus que l’improbable, l’inimaginable Malheur se produisit.

Elle était là, tranquille, à fredonner la nouvelle chanson de Lady Gaga, quand la douce mélodie cessa de chanter dans ses oreilles. La main tremblante, l’américaine sorti d’entre ses seins une petite plaque bordeaux métallique. De par ses diamants, elle étincelait de mille feux face aux rayons du soleil, et c’est dans un regard désespéré qu’elle pu déchiffrer la mention « batterie faible ».

Enervée ou apeurée, elle remballa l’engin, maudissant la Fatum d’être ce qu’elle est et de pourrir ainsi sa journée. La solitude ne tarda pas à la gagner de plus belle, et c’est dans un dernier espoir qu’elle se vu prier pour qu’un ange intervienne, promettant de se convertir à la religion de ce dernier, qu’elle quelle soit, s’il venait à descendre du ciel.


NB : je compte changer sa nationalité. Priorité à Maxims.

L'ange n'en était pas vraiment un. D'ailleurs, il ne descendait pas plus du ciel. En effet : il tombait du ciel. La nuance est faible mais pourtant bien présente. Descendre du ciel indique qu'on peut y remonter aussi facilement qu'on le fait avec une échelle. Or là, point n'était le cas. Le supposé ange avait autant de facilement à monter dans le ciel qu'il en avait à danser le bouchik-bouchik à cloche pied sur un ballon de baudruche en jonglant avec des rats enflammés à l'essence portugaise.

Mais qui est donc cet ange supposé ? Puisque vous me lisez, cher ami lecteur, vous n'êtes pas sans ignoré le nom du héros sauveur du jour ! Sauveur ? Certainement pas de l'humanité. De la planète donc ? Pas plus, A. Maxims O'Connel garde autant d'intérêt dans la planète que dans l'étude des flatullences bovines outre-atlantique. Le sauveur de quoi finalement ? Et bien, nous pourrions aisément parler du sauveur de brocolis. Car il détestait les cornichons et donc ne viendrait pas à en tuer. Logique, non ?

Donc que venait faire l'ange sauveur de cornichons dans ce coin de désert vide de cornichon ? Et bien A. Maxims faisait juste un saut en parachute. Tout bêtement. Un de ses amis l'y avait invité et il sautait donc. Nettement plus loin que les autres car il s'était arrang épour sauter en dernier. Le pilote avait d'ailleurs quasiment été obligé de l'éjecter à coups de bottes.

Donc "l'ange" chûtait du ciel, trop terrifié pour crier. Il s'effondra tout de même à terre sous le choc (pas si doux qu'on pourrait le croire) et se désarnacha de son attirail de soie. Il se promit de ne plus toucher à ce truc -jusqu'à, il le savait, qu'il ne se fasse à nouveau embarquer de force. Le nexus comme il aimait à appeler sa propre race par pur esprit de contradiction, regarda autour de lui et aperçu une potiche blonde à genoux. Bon au moins, il y avait quelqu'un et il ne serait pas forcé de marcher au beau milieu du désert pour retrouver un verre d'eau fraîche.

"Mmmmmh, bonjour ? Vous êtes tombée ?"

Que c'était beau la curiosité. Sinon, Maxims lui aurait très certainement piqué sa caisse avant de la laisser planté là à se déshydrater au milieu du désert. Mais trouvé une belle plante en mini jupe et décolleté de marque agenouilée au milieu d'un désert, c'était un appel au stupre. Un appel auquel Maxims ne résistait pas.

C’est alors qu’apparut d’entre les rayons de soleil la Lumière de dieu, même si elle s’apparentait ici à une ombre. Le sourire hébété, Brenda contempla son sauveur. Ses ailes, telles une auréole, flottaient au dessus de sa tête et l’envoyait droit sur son chemin. Etrange, d’ailleurs. Sans se douter que ses cours de religion catholique la tromperaient un jour, elle avait toujours cru que les ailes se départageaient d’un côté et de l’autre du corps. Ces laïcs, tous des ignorants.

Il atterrit, elle se frotta les yeux : peut-être était-elle empreinte à des hallucinations. Elle laissa s’écouler douze secondes. Pourquoi douze ? Parce que la Demoiselle était fort superstitieuse et, dans sa jeunesse, elle avait déclaré qu’il s’agirait de son nombre fétiche. C’est d’ailleurs à l’âge de douze ans qu’elle embrassa son premier garçon ! En option, également, son père lui offrit un poney. Très mignon : elle l’avait baptisé Ken.

C’est donc au bout de douze secondes que Brenda ouvrit les yeux. L’homme était toujours là, droit, le regard vif et pétillant, la truffe humide. L’option « transpiration » fût vite écartée : un ange ne pouvait transpirer. C’était logique, ils devaient représenter la perfection. Ca devait être semblable à un critère canin, dans ce cas. Ainsi, elle en déduit qu’il devait avoir un excellent pédigrée et demeurer en pleine forme.

Il avait remballé ses ailes, elle ne les voyait plus. A son cours de religion, on ne lui avait jamais dit que c’était chose possible. Mais c’était normal, en fait : comment feraient-ils pour se reproduire sans difficultés, sinon ?

Soudainement, il prit la parole. Brenda resta là, bouche grande ouverte, comme s’il s’agissait là de la chose la plus surprenante au monde. Plus précisément, comme si Jésus venait de faire son apparition, punkarisé. Il parlait ! Il lui parlait ! Et il avait une voix d’homme : il pourrait la comprendre ! Réjouie, elle s’arma de son plus beau sourire avant de prendre la parole.

« Tombée face à votre éperduente grandeur ! »

Inutile d’ouvrir un dictionnaire, vous n’y trouverez point le terme éperduente. Mais il sonnait bien à l’oreille de la femme. Très bien, même. Il ajoutait à la conversation cette petite touche d’intelligence (au paraitre) et de snobisme.

Intelligence, tout était relatif. Malgré les espoirs de Brenda, l’homme ne serait certainement pas dupe, à moins d’être le fils d’un marchand de cochons. Improbable pour une divinité. Trop tard. Encore une fois, elle avait parlé trop vite.

« Vous … Vous … »

Laissez-lui le temps de trouve ses mots, elle est sous le choc.

« Vous … Vous êtes … mon ange gardien ? »

*Eperduente ? Qu'est-ce que c'est que ce mot là encore ? Ca doit être un dialecte local ou un mot djeunz...*

Néanmoins la véritable surprise ne resortait pas du domaine vocabulaire. Mais plutôt comportemental. la grandeur directement ? Cette fille était soit naïve soit complètement cruche soit tout à fait désespérée. Maxims lorgna à nouveau sur ce qui n'était pas caché par ses vêtements. Autant dire qu'il y avait là une surface non négligeable de monts et vallées tout à fait admirables.

Alors que le nexus se délectait ainsi du panorama, il constata qu'au moins était-il tombé -dans tous les sens du terme- sur quelque chose d'agréable. Mais il ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux lorsqu'elle lui posa une nouvelle question. Son ange gardien ? Naïve, cruche ou désespérée ? Il avait l'habitude de faire des rencontres mais il fallait avouer que même là, il était surpris. Bon, les humains étaient toujours surprenants mais à ce point... Il n'empêchait que les petites étoiles tombées dans les yeux de la fille lui indiquait qu'elle était totalement sous le charme. Pour autant, il savait qu'il n'était pas et de loin, le plus beau des immortels.

Le soleil baissait encore et c dans son dos. Génial ! Vivent les coïncidences. Maxims s'approcha majestueusement de l'humaine, en contre-jour par rapport à cette dernière. D'une voix qu'il prit un peu magistrale, il répondit :

"Je suis au delà d'être ton ange gardien. Je suis dieu."

Nottez bien l'abscence de majuscule. Différence qui ne pouvait être faite qu'à l'écrit et ce qui était bien pratique. Maxims songea qu'il aurait été très bon acteur et aurait dû faire du théâtre.

"Tu es l'élue ! Je t'ai choisie pour que tu m'accompagnes dans ma quête ! Le monde se dissout dans le vice et court à sa perte. Je t'ai choisie pour ta foi. Toi seule est digne ! Rejoins-moi ou sois foudroyée par ma colère !"

Flatter l'égo des gens était toujours profitable. Et puis, l'immortel aimait à s'entraîner sur des personnes isolées. Si jamais elle ne s'avérait pas aussi manipulable qu'elle le laissait paraître, il pourrait toujours tirer un bon coup et la tuer. Ou l'ordre inverse. Cela lui importait peu. Maintenant, il attendait toujours le soleil lui chauffant agréablement le dos, la réponse de la fille. Niaïve, cruche ou désespérée ? Il ne tarderait pas à le savoir...

La femme écouta sagement ce qu’avait à lui apprendre cet inconnu pourtant si attachant. Et avec ce rayon de soleil apparut dans son dos, elle n’y voyait que du feu !

Elle était … l’élue ? Elle avait été choisie parmi des milliards de gens. Elle était donc … unique ! Le regard de la demoiselle se fit plus étincellent encore. Son ange, ou plutôt, son Dieu, venait de conférer un sens à sa vie ! Dorénavant, elle savait pourquoi ses parents l’avaient mise au monde. Elle, Brenda d’Aulnay des Charentes du Ventoux, allait être le bras droit de Dieu !

Parce qu’il n’était bien entendu pas question de remettre ces ordres en cause. Elle lui faisait parfaitement confiance. Il avait une bouille de bienfaiteur, c’était certain. Il continuerait à faire de ce monde un monde rêvé par tous. Preuve : il avait inventé le shampooing, le parfum, l’argent. Et les hommes, accessoirement.

Accessoirement, parce qu’elle n’avait jamais vu chez eu que cette utilité d’ustensile justement. Au plus ils avaient de la valeur, au plus près d’elle elle les désirait : après tout ; le prestige est bien plus important que l’amour. Mais lui n’était pas un homme, il était bien au-delà.

« Oh vénérable Dieu, dite-moi, quelle est cette quête ? »

Soudainement, elle sorti de son emplacement initial (sen décolleté) la petite boîte métallique qui n’était autre que son i-Pod.

« Mais, avant toute explication, pourriez-vous réparer ceci ? »

Naïve, cruche et désespérée. Ou, plus exactement, naïve cruche et désespérante.

Pas possible et elle gobait ça. Même un gamin de cinq ans aurait été moins naïf/cruche ou désespéré. Mmmh, peut-être pas finalement mais l'effet qu'elle produit était des plus... intéressant. Il n'était pas certain qu'il eut un mot pour définir l'effet qu'elle lui faisait. Une potiche sans cervelle mais avec un c*l des plus mémorables pouvait être une base de définition.

Lorsqu'elle l'appela 'vénérable dieu' avant de lui demander de réparer son mp3 Maxims fut tout de même saisi par un doute. Le doute commença à préparer les chaînes pour ne plus le lâcher lorsqu'il vit la mention batterie faible s'afficher à l'écran. et si c'était lui qui se faisait avoir. Il jeta un coup d'oeil sur le visage parfait et donc trop artificiel pour être vrai de l'humaine. Son regard de chien battu semblait pourtant tout sauf ironique. Se moquait-elle finalement de lui ? L'arroseur arrosé ? Finalement, il décida que non, surtotu en plein désert. Il n'y avait pas suffisamment d'eau pour qu'il se fasse arroser et il ne voyait pas l'intérêt de venir ici vêtu de cette manière. Et elle devait être venue ici de son plein gré puisqu'elle ne lui demandait pas de la sauver en la faisant sortir d'ici.

Donc c'était une greluche décerébrée. Il testerait un peu plus tard mais partait sur cette hypothèse.

"Bien sur, mon enfant, que je peux réparer ceci. Mais comptes-tu écouter de la musique en ma présence ? Préfères-tu entendre le son des chanteurs plutôt que ma parole ?"

Le ton avait été légèrement colérique et les sourcils avaient été fronçés. Bon, surtout, il n'avait pas de pile. L'explication était des plus rationnelles. Il reprit d'un ton adouci :

"Lève-toi, mon enfant. Tiens-toi droite tant que ta soumission est là. Je te réparerai cela lorsque je te quitterai."

Pour l'instant, il cherchait surtout à l'emmener dans sa voiture et rentrer à la ville. Pourtant, il ne s'attendait pas à la réaction qui allait suivre.

Aux premiers mots de Dieu, Brenda hocha la tête une bonne quinzaine de fois. Ou secoua la tête, selon la définition du lecteur. Pour résumer, elle avait tout simplement l’air d’une enfant qui promettait ne pas faire de bêtises à ses parents dans l’espoir de recevoir un bonbon ou un chocolat en récompense. Après tout, il avait bien raison. Maintenant qu’il était là, elle avait de la compagnie. Et comme il ne la quitterait jamais plu, sa boîte à musique perdait toute utilité.

D’un mouvement gracile, elle se redressa de toute sa hauteur. Néanmoins, hauteur … tout était relatif : elle ne paraissait pas bien grande du haut de son mètre soixante-et-un. C’est après douze secondes que le sens des paroles de son interlocuteur l’a fit enfin tiquer. Son visage tantôt si joyeux se décomposa, et l’on ne pouvait plus lire que le désespoir dans le bleu de ses yeux (quand bien même était-elle assez développée pour être victime des sentiments humains).

« Quand … quand vous me quitterez ? »

Sans quitter ses yeux du regard, elle s’accrocha à son bras. Promptement, elle s’écria de telle façon que l’on aurait pu croire qu’il venait de lui annoncer qu’il partait se suicider :

« Je vous en conjure, Dieu, promettez d’à jamais rester auprès de moi ! Je me plierai à chacun de vos ordres, je dompterai des ouragans s’il le faut ! Mais je ne veux me passer de votre présence. Je ne PEUX me passer de votre présence ! Re … regardez ! »

Elle se jeta brusquement sur son sac et en tira quelques feuilles. Elle les mit sous le nez du brundinet.

« Vous voyez ? J’aime votre création ! J’aime ce que vous avez fait, et je vous aime ! Vous êtes … mon sauveur ! Je m’applique chaque jour à en apprendre un peu plus sur ce que vous nous avez offert à nous, pauvres mortels. Sur la terre qui nous porte. La faune et la flore qui nous entourent. Ou même sur les perturbations naturelles. Vous voyez ? Celles que vous provoquez quand vous êtes en colère. »

Elle se baissa à nouveau pour ranger les feuilles dans son sac. Le regard grave, elle plongea son regard dans celui de l’autre.

« Je, Grégoire d’Allengas, vous fais serrement d’allégeance. Je vous donne ma vie, je ferai couler mon sang pour votre cause, même si ma mort doit en être la conséquence. »

Elle avait vu ça dans un film. Elle avait trouvé ça chouette. Le garçon, « il était paru » intelligent. Pourquoi ne le paraitrait-elle pas ?

Grégoire d'Allengas ? A ce point là, Maxims était tout de même des plus déconcerté. Grégoire d'Allengas ? Non, il n'y avait aucune chance pour qu'elle s'appelle Grégoire. Ou alors, c'est qu'il y avait erreur sur la marchandise. Le dieu réprima une grimace. Il y avait un certain relâchement dans les mœurs ces derniers temps. Si ça se trouve, cette... fille s'appelait vraiment Grégoire. Cela s'avérerait décevant. Mais il ne fallait pas oublier la promesse. Cette... Bon appelons la fille avant d'en être certain. Bref cette fille avait fait preuve d'un certain enthousiasme.

Il n'avait pas très bien vu ce qu'il y avait sur les papiers mais la démonstration avait été intéressante. Par contre, il devrait apprendre quelques petits trucs de prestidigitateur pour continuer. Il n'avait pas bien compris comment cette fille avait fait pour deviner si facilement sa condition supérieure. A moins qu'elle n'ait eu une hallucination et qu'elle n'ait été tout simplement stupide par dessus le marché ? Etrangement, il le savait aussi possible. S'il admirait certain humains, il les savaient capable du pire. L'un d'eux l'avaient bien compris d'ailleurs. "Seules deux choses sont infinies, l'univers et la bêtise humaine. Et encore, je ne suis pas sur du premier." Sacré Einstein !

Bon, la ficelle était grosse. Serait-il capable de l'avaler ? On pouvait faire une première vérification. Et s'il pouvait faire d'une pierre deux coups, ce serait superbe. Cela semblait bien prometteru, il voulait vérifier avant de se faire trop d'illusion.

"Bien, mon enfant, Donne moi tes papiers. Ta vie mortelle m'appartient. Et ôtes donc ces vêtements."

Sa main était tendue, impérieuse, ne réclamant aucune contestation. Premier test mais avant qu'il ne lui fasse confiance, il y en aurait d'autre.

Sans doute habituée à ce genre de requêtes, la demoiselle ne tiqua pas. L’absence de lueur dans son regard confirmait même qu’elle trouvait cette situation banale. D’un petit geste habile, elle récupéra puis tendit au Dieu ses paperasses, sur lesquelles était inscrit en lettres dactylographiées, suite à la mention « nom et prénom », Brenda d’Aulnay des Charentes du Ventoux. L’idée qu’il lui eut plutôt demandé ses papiers d’identité ne lui traversa même pas l’esprit.

« Ne les abîmez pas je vous prie ; je dois les rendre jeudi prochain. »

Déclara-t-elle simplement avant d’entreprendre la tâche suivante. Elle avait beau être fainéante, aux vues du peu de vêtements qu’elle portait, ça ne lui demanderait probablement pas grands efforts. Pire qu’une confiance aveugle était la confiance bête et aveugle. Et il n’y avait pas besoin de citer celle dont Brenda ce servait.

Elle commença par se séparer de ses chaussures. Pourquoi ? Parce qu’elle ne désirait pas trébucher et paraitre ridicule devant son interlocuteur. En effet, les talons aiguille n’étaient pas forcément adaptés au sol sablonneux et parsemé de cailloux. Peut-être auraient-ils mieux fait de le mentionner dans le cours de géologie.

Sans maladresse, elle ôta ensuite le débardeur qui lui mettait tantôt la poitrine en valeur, découvrant le piercing à perle rose qui ornait fièrement son nombril. Consciencieuse, elle prit bien entendu le temps de replier son vêtement et de le poser aux côtés de son sac. Lorsque ce fût fait, elle resta face à ce dernier et s’extrait tant bien que mal de sa jupe de velours.

« Dites-moi, si ma vie mortelle vous appartient, resterai-je à jamais belle et parfaite ? Empêcherez-vous mon corps de vieillir ? »

Questionna-t-elle tout en se débarrassant du string, rose lui aussi, qu’elle portait. Ceci terminé, elle se retourna avec un petit sourire. Probablement moins innocent qu’il ne paraissait. Elle s’approcha posément de l’homme et, yeux dans les yeux, repris la parole.

« Accepteriez-vous de détacher mon soutien gorge ? Il est attaché avec un nœud que je ne parviens à défaire. »

A. Maxims se retrouva avec une liasse de papiers en main et baissa la tête interloqué. Qu'est ce que c'était que ça. Il parcourait la paperasse. Composition de la roche, type de roche, origine, texture... Il haussa rapidement les sourcils. C'était quoi cette étude de cailloux ? Il releva la tête sans avoir relevé le nom.

"Tu... Tu es géologue ?"

Le nexus avait du mal à y croire. Il y avait un truc. Une combine. Une ficelle. Une astuce. Un stratagème. Un subterfuge. Une couille, quoi ! Comment cette fille pouvait-elle être géologue ? Cela demandait de l'intelligence ! A cette réflexion, le dieu se redressa portant sa main qui tenait toujours les papiers à son menton. L'intelligence. Même eux ne savaient pas très bien la définition de l'intelligence. Peut-être toutes ses neuronnes étaient elles portées sur le naturalisme? C'était une possibilité... Ou alors elle était envoyé par un de ses ennemis.

Maxims secoua très légèrement la tête. Bien sur ! Un de ses ennemis avait calculé qu'il irait aujourd'hui faire du saut en parachute dans le désert et que, mort de trouille, il n'aurait pas sauté en même temps que les autres ? Balivernes ! C'était impossible. Cette fille devait être vraiment ce qu'elle prétendait être. Enfin... prétendre semblait être un grand mot. Quoique... L'intelligence... Maxims était persuadé que chaque humain était intelligent mais qu'il fallait juste qu'il veuille bien l'accepter ou la découvrir. IL était également persuadé que cette découverte pourvait être parfois bloquée totalement chez certaines personnes. Sinon comment expliquer le comportement humain ? Bref, cette fille ne semblait pas avoir trouvé l'essentiel de ses capacités mais en avait tout de même. Donc, elle pouvait être utilisable. Du moins, encore plus qu'il n'avait pu le penser. Intéressant.

Interrompant ses pensées par une question dont il se fichait éperduement, Maxims répondit à sa requête de beauté éternelle par un grognement affirmatif. Mais il fut définitivement interrompu par des yeux qui le fixait. Son soutien gorge ? Maxims baissa les yeux. Un fin sourire vint à ses lèvres.

*Joli.*

Puis l'idée lui revenant, il baissa encore les yeux. Un soupir interieur se fit entendre dans son crâne. C'était bien une fille. Alléluia mes frères ! Et plus qu'être une fille, c'était une fille assez sublime. Il comprennait qu'elle voualit garder intact un corps comme celui là. Il en avait bien envie. Mais il faisait trop chaud ici pour que ce soit confortable. Sa voix ne se fit pas aussi sèche qu'il aurait voulu.

"Rhabille toi, euh..."

Il jeta un coup d'oeil sur le papier. Brenda d'Aulnay des Charentes du Ventou ? C'était un nom à ralonge. Un nom français à ralonge. Mais Maxims était certain qu'elle n'était pas française. Elle parlait parfaitement l'australien avec seulement un fort accent américain.

"Rhabille toi Brenda. Allons dans ta voiture et rentrons en ville. Je te laisserai du temps pour terminer ton devoir."

Le dieu la regarda. Avant de regarder à nouveau ces feuilles. C'était très troublant. Comment la manier ? Comment lui faire comprendre qu'il n'avait pas la science infuse -même s'il connaissait beaucoup de choses depuis le temps qu'il était sur Terre ? Comment ne pas perdre sa candide confiance ? Candide. Naïve. Là était la clé. Et au pire si cela ne marcehrait pas, cela serait la clé anglaise.

"Brenda écoute moi. J'ai quelque chose d'important à te dire. Tu as sûrement dû entendre parler de la guerre du Paradis et de l'Enfer, non ? Et bien voilà. J'ai été traiteusement pris par derrière. On m'a trahit et on m'a prit une partie de mes pouvoirs. J'ai dû descendre sur Terre. Je suis venue ici Brenda, car je t'ai vu. Je t'ai choisi. Tu auras pour mission de me servir, d'obéir à mes ordres et de taire ce que je viens de te dire. Je te dirai la vérité Brenda, car tu es l'Elue mais je ne veux pas que tu répètes cela à quiconque. Sinon mon courroux sera terrible. Tu as compris ?"

Il n'attendait que sa réponse positive. Il la voyait remettre ces courts vêtements sur ce corps. Bon dieu ! Ce corps !

"Mmmh et à propos. Tu t'y connais en combat ?"

Il en doutait sincèrement. Ces petits poings ne devaient pas pouvoir servir à cela mais ils pourraient. Ils pourraient et ils devraient. Maxims avait toujours voulu pouvoir dire 'c'est ma garde du corps' sans qu'il n'y ait d'ambiguïté officielle tout en ce qu'elle existe officeusement.

La jeune fille ignora la première réflexion de Dieu. Pas parce qu’elle ne la comprenait pas, loin de là d’ailleurs. Mais bien parce que le fait qu’il puisse s’être trompé, Lui, son Supérieur, son Homme de toujours, lui semblait plus qu’improbable. Par quel diable avait-il pu commettre une telle erreur ? Elle n’était pas géologue. Elle était étudiante en géologie. Toute la nuance était là ! Mais jamais, oh grand jamais elle n’aurait osé Le contredire. C’est pourquoi elle ne dit rien, et se contenta de demeurer déconcertée par cette incorrigible faute. Le ton étonné avait été étrange lui aussi ... ou pas. Une fille d’un tel charisme aurait facilement gagné sa vie dans le cinéma, ou à poser pour des magasines. Alors oui, il y avait de quoi être abasourdi.

Tandis qu’elle attendait un acte bien précis, son interlocuteur se contenta de répliquer à vive voix d’enfiler ses vêtements. C’est sans doute un peu déçu qu’elle obéit ; s’éloigna et se rhabilla. Après tout, il ne fallait pas lui en demander beaucoup avant de fantasmer. Et briser un fantasme, quand on était confronté à la réalité, c’était tellement simple.

Lorsqu’il prit à nouveau la parole, elle fut de toute ouïe. Il y avait beaucoup de mots l’un à la suite de l’autre : ça ne pouvait qu’être important. Puis il avait commencé par « Brenda, écoute-moi. » C’était une technique couramment utilisée, notamment avec les chiens. Prononcer le prénom avant l’ordre pour un résultat plus satisfaisant.

La guerre du Paradis et de l’Enfer … ? Il devait parler de la traitrise de Lucifer. Quel bâtard celui-là ! Il avait donc mis Dieu en défaveur. Cette version n’était pas écrite dans la Bible, cela signifiait qu’il avait même réussi à le cacher aux humains ! Néanmoins, c’était peut-être également pour cette raison que le monde se portait si mal aujourd’hui. Si Dieu n’avait plus ses tous pouvoirs, comment pouvait-il diriger correctement ?

Fin prête, elle acquiesça énergiquement. Elle avait tout compris, elle en était certaine. Et quand bien même ce n’était pas le cas, personne ne le saurait vraiment. L’essentiel étant : se taire et obéir. Un peu comme l’adage « sot belle et tais-toi. ». Elle n’aurait donc pas dur à s’accommoder.

Elle fut saisie nonobstant par la question qui vint par la suite. Si elle savait se battre ?

« Et bien, ma foi, lorsqu’on a un corps comme le mien, la force ne sert plus à grand-chose … »

Répondit-elle du tac au tac.

« Mais en cas de graves ennuis j’ai … ceci ! »

Elle sorti de son sac à main une petite bombe asphyxiante. Sourire en coin, on aurait pu croire qu’elle tentait de vendre le produit.

« Ca s’avère très utile, notamment pendant les soldes ! Enfin, soit. Nous n’en sommes pas là. Suivez-moi, je vous mène à ma voiture. »

Ce qu’elle fit après avoir récupéré son sac de cours. La marche ne fut pas logue, ni périlleuse. Dans le désert de sable, la jaguar rouge décapotable n’était de toute manière pas fort méconnaissable. Brenda grimpa dedans, place passager et tendit la clé à Dieu.

« Je vous laisse conduire. C’est vous qui savez où vous désirez exactement vous rendre en ville, après tout. Si vous préférez rentrer chez moi, il vous suffit d’appuyer ici –elle désigna un bouton- sur le GPS et de suivre l’itinéraire indiqué. »

Termina-t-elle, attrapant une bouteille d’eau afin d’étancher sa soif.

Un bombe lacrymogène pour faire les soldes ? A. Maxims qui regardait le produit leva de grands yeux étonnés vers la potiche. Quoique, si elle savait manier ça avec précision, elle n'allait peut-être pas être aussi potiche que ce qu'il aurait pu croire. Il la suivit dépassant discrètement le parachute qui gisait non loin par terre. Maxims le laissa là sans aucun regret. Comment avait-il été assez fou pour se laisser embrigader par ses amis pour ces aventures rocambolesque de saut en parachute ? Tant pis pour eux, ils avaient laissé une caution à l'aéroclub de toute façon.

Le dieu s'arrêta net lorsqu'il aperçu la voiture. Une jaguar décapotable. Son regard allait de la voiture à l'arrière train de la fille qui lui tournait le dos et vice versa. Quelle belle surprise ! Jeune, belle potiche et riche ! Le rêve. Il s'empara des clefs sans problème de conscience et se mit au volant. Il s'amusa à démarrer dans un petit burn avant rapidement de retrouver la piste. Quelle idée tout de même de venir dans un désert avec une voiture aussi peu adaptée ?

A forte vitesse, l'air se refroidissait et A.Maxims se sentait mieux. Et de mieux en mieux au fur et à mesure qu'il jetait un coup d'œil à sa voisine assise sur le siège passager. Elle était tellement simple à cerner qu'il se demandait s'il n'y avait pas un couac dans l'histoire. Et bien, si c'était le cas, il avait au moins envie d'en profiter une fois.


>>fin de la vadrouilel