Ecoute et respecte. [Maxims]

Maxims se rangea son téléphone dans sa poche et s'excusa auprès du grand ponte de la mafia avec qui il discutait. Il avait prévenué la fille : il avait un emploi du temps chargé. Les deux minutes avaient surtout servi à se faire décrire l'endroit où il devait la rencontrer. Tout à son affaire, il expliqua à l'homme, presque un ami, quelle serait la démarche que sa compagnie emploierait pour faire venir l'argent qui servirait à créer une futur guerre de gang. Cette guerre ne s'étendrait sûrement pas jusqu'à Bunbury mais elle aurait commencé là, dans cette petite ville trop isolée et petite pour en devenir suspecte.

L'affaire fut réglée, un repas d'affaire reporté à son grand mécontentement. Enfin, c'était un coup de chance, l'émissaire de ce dictateur africain n'aurait pas apprécié que ce fut Maxims qui fasse cette chose. Au final, cela lui laissait du temps pour rencontrer cette dinde au chômage. Ils avaient autant de temps libre les patronus ? Lui n'en avait pas. Son entreprise marchait bien dans son objectif mais il faudrait qu'il recrute du personnel prochainement.

Bunburry était trop isolée et petite pour être suspecte, c'était exactement pour ces raisons là que cette ville était souvent le point d'arrivée des immortels. Patronus et nexis. Il faudrait qu'il se mette à faire des recrutements qu'il ne pouvait pas laisser à ses collaborateurs. Maxims entra dans sa voiture. Il serait tant qu'il engage un chauffeur, cela devenait pénible de perdre son temps à conduire.

Ce fut quelques longues minutes plus tard qu'il gara son tank de métal à côté d'une autre voiture. Il ferma rapidement la porte et s'en alla vadrouiller avec son costume dans les poussières de la lande d'hummock. Il n'était jamais venu par ici auparavant mais il se souviendrait de ne pas garder les mêmes chaussures. Après quelques minutes de marche, il arriva près de l'arbre agonisant qu'on lui avait indiqué. D'ailleurs 'on' était là. Que voulait-elle ?

"Bonjour, mademoiselle Holland. J'avais abandonné l'idée que vous utiliseriez ce numéro finalement. Alors, en quoi puis-je vous être utile ?"

Droit au but. Il n'avait pas beaucoup de temps et n'avait rien qui pouvait la lier à une conversation de quatre chemin auparavant. Il ne connaissait rien d'elle, à peine son nom qu'il avait reçu quelques dizaine de minutes auparavant. Et ce nom n'indiquait rien sur google ou quelques autres sites nettement plus privés que la communauté des nexus avait mise en place, bien qu'il résoudrait le problème dès son arrivée au siège. Bref, elle était quasiment une parfaite inconnue Maxims n'espérait pas trop qu'elle lui dise d'emblée 'ma quête est stupide, je veux vous aider à réduire les humains en esclavage avec vous !'.

Répondre à une question par une autre question. La tactique était si connue. cela montrait également que dans sa réflexion, la patronus s'était rendue copte que quelque chose ne tournait pas rond dans sa mission comme elle aimait à l'appeller. Si Maxims à cette pensée réussit à retenir le regard triomphant, il ne put s'empêcher de laisser fleurir un sourire sur ses lèvres. Sans ce regard triomphant, ce sourire en devenait doux et signe d'une grande bonté.

Sa réflexion ne l'avait menée à rien, elle cherchait dans les paroles de son ennemi une réponse qui lui permettait de se conforter dans les convictions qu'on lui avait gravé dans le crâne depuis sa naissance. Ou bien, il pouvait lui servir une raison qui la ferait douter encore plus. le nexus ne songeait même pas à mentir. Mais chaque vérité pouvait être vue de différentes manières. maxims recherchait dans ce sourire le temps nécessaire pour choisir les mots justes.

"C'est une simple question d'équilibre."

Maxims tendit le doigt dans une direction qui derrière la patronus. Puis il reprit d'une voix calme et apaisante :

"Rose, vous permettez que je vous appelle Rose, savez-vous ce qu'il y a dans cette direction, précisement au point de latitude 25 degrés 20 minutes 42 secondes sud et 131 degrés 2 minutes et 11 secondes est ?"

Maxims se doutait que non mais attendit quand même la réponse. Pour connaître la Tere grâce aux coordonnées géographiques, il fallait être soit complètement tordu, soit très vieux soit très érudit. Maxims doutait des deux premiers et elle ne semblait pas avoir eu le temps pour le troisième. Il reprit donc de sa voix tranquille presque hypnotisante :

"C'est Uluru. Que les occidentaux ont également baptisé Ayers Rock. Etes-vous jamais allé voir cet endroit ? C'est magnifique. Les humains ont fait un travail formidable avec une sensibilité rare. J'ai assisté à l'apparition des rituels aborigènes. C'était, à l'époque, quelque chose de vraiment impressionnant. La charge mystique de ce lieu à disparue avec le tourisme maintenant mais je vous conseille tout de même d'aller visiter si vous n'y êtes jamais allé, cela vous donnera une idée de ce qu'ils sont capable de faire."

Le regard de l'immortel se perdit dans l'étende de la lande, un sourire qui devenait joyeux et une lueur paternelle dans le regard. il reprit cette posture qu'il aimait. Les mains dans les poches, le dos un peu cambré comme pour observer le ciel et les pensées ailleurs.

"Avez-vous une idée de ce pourquoi je vous raconte cela, Rose ? Une idée du lien entre Uluru et l'équilibre ? Une idée du rôle de l'équilibre ?"

Il avait détourné la tête vers la jeune fille. Son sourire avait disparu mais il restait tout de même une aura sereine dans son apparence.

[Bof, j'aime à pseudo-philosopher un peu lorsque j'en ai le temps. T'inquiète pas.]




Maxims ne savait pas s'il devait considérer bien ou pas le fait qu'elle annonce aussi rapidement sa réponse -négative- sans même avoir pris le temps de réfléchir. Dans un sens c'était ce qu'il fallait. Plus il gardait le rôle de celui qui a la Science et la Vérité de son côté, plus cela l'arrangeait, moins on le mettrait en doute. Maxims reprit donc une posture droite avant de la regarder.

"Ais-je jamais dit que je prenais les hommes comme des larbins ? Vous devez confondre cela avec quelqu'un d'autre."

Elle semblait répondre abruptement. L'avait-il déstabilisé ? Si c'était le cas, c'était bien. On devait lui avoir appris, outre le fait qu'il fallait protéger les humains, que les nexus étaient l'ennemi.

"L'inconvénient avec nos deux races, c'est que nous ne faisons jamais notre âge. J'aime à prendre un aspect assez vieux qui reflète un tant soit peu le temps que j'ai pu passer depuis ma naissance. A discuter avec vous, Rose, j'ai l'impression que vous êtes bien plus jeune. Je suis venu ici alors que la révolution industrielle n'existait même pas dans les rêves et les délires les plus fous de l'humanité. Cette conception des choses qui est la mienne, j'ai mis du temps à la créer, un temps que beaucoup ne prennent pas. Peu des immortels partagent ma façon de voir. Pourtant j'aime à penser qu'elle peut résoudre le problème qui est le nôtre aujourd'hui."

Maxims regarda autour de lui à la recherche d'un endroit où s'assoir. Malheureusement, il n'y avait rien ici que de la broussaille. Il devrait donc rester debout. Dommage. Mais cela avait un avantage : il restait plus grand que la demoiselle. L'argument physique taille était étrangement, souvent non négligeable dans une conversation. Il reprit de sa voix calme et posée de ceux qui savent qu'ils n'ont qu'à parler pour être écouté et obéis.

"Ne vous énervez pas si je ne vous donne pas la réponse immédiatement. Aucune vérité n'a autant de valeur que celle qu'on a découverte soi-même. Je n'ai jamais rencontré Platon mais je l'admire pour avoir compris cela si tôt. Et si vous forgez un opinion différente de la mienne et bien... J'en serais tout de même content. Peut-être sera t-elle un peu plus juste que celles que nos Pères nous apprennent là-haut. Ils sont gentils mais trop éloignés du terrain pour saisir l'essence des choses. Dites-moi Rose, quand je vous parle d'équilibre, à quoi pensez-vous ?"

L'homme avait soudainement changé de ton. Pour sa dernière question, il était devenu plus vif, comme celle d'un présentateur de jeux télévisés où il n'y avait qu'un temps limité pour répondre. Le temps... Maxims avait jeté un coup d'oeil à sa montre lorsqu'il lui avait tourné le dos. Il avait largement le temps.